Kami Inari : La divinité japonaise du riz et du commerce au Japon 🍙
Temps de lecture : 10 minutes 🕒
Vous avez sans doute déjà entendu son nom ou aperçu l’un de ses symboles. Le kami Inari est une divinité japonaise très populaire au Japon. On compte le nombre de sanctuaires qui lui sont consacrés à des dizaines de milliers. Vous connaissez sûrement le plus célèbre d’entre eux : le Fushimi Inari Taisha, sanctuaire aux milliers de torii. Dans cet article, découvrez qui est réellement Inari, ses relations avec d’autres kami japonais (Amaterasu, Tsukuyomi, Susanoo), ses origines et ses symboles comme le renard blanc !
Kami Inari : divinité des moissons, du commerce et de la nature 🌾
Qu’est-ce qu’un kami dans le shintoïsme ? 🎎
Dans la religion shinto, l’une des deux principales religions du Japon, un kami représente une divinité. Le shintoïsme au Japon est centré sur la nature et sur l’esprit, l’âme. On dit que chaque élément naturel possède une âme et peut être identifié en tant que kami japonais. De ce fait, une pierre ou même un arbre peut abriter une divinité japonaise.
D’ailleurs, on distingue les kami japonais nationaux des kami régionaux. Chaque région du Japon possède ses caractéristiques, et donc, ses kami. Tandis que certaines divinités sont connues à travers tout le pays, voire dans le monde entier comme Amaterasu ou bien Susanoo. Bien que la plupart des Japonais ne soient pas croyants, ils sont tout de même pratiquants. Ils vont donc faire des prières, des offrandes ou encore participer à des rituels de purification.
Kami Inari : signification, symboles et étymologie 🤔
En japonais, le nom Inari (稲荷) se compose de deux kanji signifiant respectivement « riz » et « chargement, cargaison ». Inari est une divinité japonaise (un kami donc) qui porte plusieurs casquettes. Elle est à la fois la divinité :
- Du riz
- Des céréales
- Des moissons
- De la fertilité de la terre
- Du commerce
- Du business
- Des finances
- De l’artisanat
Les deux derniers domaines lui ont été associés en même temps que la société s’est développée. En plus de cela, on considère Inari comme un Yashikigami, autrement dit une divinité protectrice des lieux de résidence. On peut donc la retrouver en ville jusqu’aux terrasses de buildings ! Par ailleurs, il faut savoir qu’on considère Inari soit comme un dieu, soit comme une déesse. C’est la même chose pour le dieu Tsukuyomi qui peut aussi être une déesse japonaise.
Respect et crainte : Inari, une force montagnarde et sauvage ⛰️
Au départ, la déesse Inari était un Yama no Kami, littéralement « un kami des montagnes » puisqu’elle provenait des montagnes. Les Japonais associent ce lieu à un endroit hostile, sauvage et dangereux. Si vous connaissez l’histoire de Yama Uba, vous savez pourquoi. La légende raconte que Inari descendait au printemps vers les plaines pour protéger les rizières. On la considère donc également comme une Ta no Kami (田の神), une « kami des rizières ».
Inari était donc crainte, mais aujourd’hui elle est très appréciée, même devant la déesse Amaterasu ! Cela s’explique notamment par la protection des récoltes qu’elle assure, par sa prospérité.
Puzzle du sanctuaire shinto Fushimi Inari Taisha
Découvrez ce magnifique puzzle du Fushimi Inari Taisha ! Célèbre dans le monde entier, ce sanctuaire shinto aux milliers de torii est sans doute l’un des plus beaux du Japon. Le puzzle est composé de 1 000 pièces et mesure 60 x 45 cm. Un cadeau parfait à offrir à un fan de Japon, ou pour vous-même !
Fushimi Inari Taisha : sanctuaire, mythes et légendes ⛩️
Origines mythiques du sanctuaire Fushimi Inari 📙
Vous l’avez sûrement déjà vu quelque part : réseaux sociaux, sites internet, magazines, livres… Le Fushimi Inari Taisha situé à Kyoto au mont Inari est l’un des sanctuaires shinto les plus célèbres. Il compte plus de 10 000 torii peints en vermillon, une couleur qui éloigne les mauvais esprits.
L’origine de ce temple remonte au VIIIe siècle, la première mention de Inari se trouve dans le Yamashiro no Kuni Fudoki. Il s’agit d’un ensemble de comptes rendus de l’histoire, des coutumes, des traditions orales, des mythes locaux, des rituels de chaque province du royaume du Yamato.
Ces torii ont été installés non pas pour décorer le paysage et attirer les touristes, mais plutôt en guise d’offrandes. Ce sont des grandes familles et des entreprises qui en sont à l’origine. Le nom des donateurs et la date sont inscrits sur les torii face à la montagne, visibles quand on descend de la montagne donc.
(Image de tawatchai07)
Les renards d’Inari : messagers et symboles 🦊
Avant les renards, il était question de loups. En effet, parmi les kami japonais qui gardaient les rizières, il y avait un Okuchi no Makami, divinité des loups. Les paysans ont donc vénéré les loups pour la protection de leurs récoltes. C’est un animal qui pouvait notamment les défendre d’autres animaux comme les sangliers, pratique.
Cependant, le gouvernement à l’ère Meiji (à partir de 1868) ordonne d’exterminer les loups considérés comme une vermine. Les sanctuaires sont donc détruits ou consacrés à d’autres kami. C’est ainsi que les renards blancs sont devenus les messagers de la divinité Inari, qui permettent aujourd’hui d’identifier un temple qui lui est dédié très facilement. Attention : Inari ne peut pas se métamorphoser en renard pour autant ! Il ne faut pas non plus les confondre avec les renards à neuf queues ou kitsune du folklore japonais qui sont malicieux et dangereux.
Les renards portent parfois un bavoir rouge. Il tire en fait son origine des statues Jizo, symbolisant la protection. Ces renards, dédiés à Inari, sont appelés Reiko (« renard sacré ») ou Myobu, titre de haut grade en lien avec Inari. D’ailleurs, si vous apercevez un renard tenant un rouleau de sutra dans la gueule, c’est une femelle, avec un Hoju (bijou sacré) c’est un mâle.
Récits fondateurs : le riz miraculeux, la légende du gâteau de riz 🍚
Le Yamashiro no Kuni Fudoki raconte également une légende liée au clan Hata :
Un jour, un seigneur qui voulait s’essayer au tir à l’arc se munit d’un arc et place un gâteau de riz en guise de cible. Au moment où il tire et transperce le gâteau, ce dernier se transforme soudainement en oiseau blanc. Il s’envola jusqu’au sommet d’une montagne. Le seigneur se rendit alors au sommet et découvrit des plantations de riz de l’autre côté. Il remercia alors la divinité de la montagne pour ce beau présent.
Cette légende montre comment le mythe du kami Inari a pris place progressivement chez les Japonais. Cela indique également pourquoi les offrandes tournent autour du riz, du saké et des aliments dans les sanctuaires de la déesse japonaise.
Kamis associés à Inari et influences religieuses 🗾
Toyouke Hime, Uga no Mitama et Uke Mochi : kamis proches d’Inari Kami 🍘
En tant que divinité des céréales, le kami Inari se rapproche d’autres divinités connexes qu’on considère parfois comme une seule entité selon les versions. On retrouve les kami japonais suivants :
- Toyouke Hime : divinité consacrée au Geku, le sanctuaire d’Ise Jingu. Elle est responsable de l’abondance des moissons, et selon les textes anciens, elle ferait des offrandes de nourriture à la déesse Amaterasu. Ce qui n’est pas étonnant puisque Amaterasu symbolise la lumière, nécessaire aux plantations.
- Uga no Mitama : considérée comme la fille d’Izanagi et Izanami (quand Izanami avait besoin de nourriture pour accoucher), soit la fille du dieu Susanoo. Là-encore, les versions indiquent deux parentalités possibles. Uga signifie d’ailleurs « nourriture ».
- Uke Mochi : comme Uga, Uke veut dire « nourriture ». La légende de Uke Mochi est racontée dans le Nihon Shoki et le Kojiki, célèbres textes anciens. On l’associe au dieu de la lune, Tsukuyomi, et ce n’est pas pour rien…
Le mythe de Uke Mochi et de Tsukuyomi (ou Susanoo) 🪦
Un jour, Amaterasu missionne Tsukuyomi de se rendre chez Uke Mochi pour la surveiller. Honorée de sa venue, Uke Mochi prépare un délicieux repas à son invité Tsukuyomi, mais avec une méthode… étrange. Elle vomit du riz, des algues, du poisson, des cerfs, des sangliers… Tout sort de sa bouche, de ses oreilles, et même de… là où vous pensez. Dégoûté et même choqué, Tsukuyomi décide de la tuer.
Furieuse, Amaterasu ne veut plus jamais voir son frère, c’est ainsi que le jour et la nuit se séparent. Pourtant morte, Uke Mochi continue de produire de la nourriture. Et puisqu’il est responsable de sa mort, Tsukuyomi sera désormais l’un des représentants de l’agriculture. En tant qu’astre, il servait d’ailleurs de repère pour les récoltes à l’époque et aidait pour le planning agricole.
Note : dans le Kojiki (autre texte ancien officiel), c’est Susanoo qui tue Uke Mochi. Dans tous les cas, il s’agit de l’un des deux frères de Amaterasu… pas de chance pour elle.
Impact du bouddhisme : rôle de Kūkai et influence dans le culte du kami Inari ☸️
Kukai est le fondateur de Shingon, une école bouddhiste au Japon. Cette école représente l’un des plus anciens courants du bouddhisme japonais que l’on nomme Mikkyo signifiant « enseignement ésotérique ».
Kukai cherche à montrer la perfection de l’univers spirituel de Bouddha avec des rituels, des chants, des décorations. C’est en 823 que Inari kami japonais intervient. L’empereur du Japon Saga confie la gestion du temple To-ji situé à l’est de Kyoto, la nouvelle capitale de l’époque, à Kukai. Ce dernier propose alors de le consacrer à Inari. La légende raconte ceci : Dans sa vie antérieure, Kukai aurait suivi les enseignements du Bouddha aux côtés de Inari. Il aurait annoncé également son retour à l’est du pays pour répandre le bouddhisme.
Inari est donc à la fois un kami japonais associé à la religion shinto et la religion bouddhiste. Les deux sont différentes mais comportent des similitudes, la preuve en est avec Inari.
Le culte d’Inari Kami aujourd’hui 🛐
Nombre et importance des sanctuaires Inari au Japon 🏯
Au Japon, il existe des dizaines de milliers de sanctuaires dédiés au kami Inari. Fushimi Inari Taisha est bien sûr le plus célèbre d’entre eux, devenu un symbole du pays. On les reconnaît facilement aux statues de renards, messagers de Inari, situés à l’entrée des lieux. Ils peuvent être de toute taille : grandes enceintes ou petits autels de quartier.
D’ailleurs, on estime qu’un sanctuaire sur trois est consacré à Inari, ce qui fait d’elle une kami japonaise très populaire au Japon. Même si la déesse du soleil, Amaterasu, reste la plus importante et la plus vénérée. Les Japonais viennent y prier pour le travail, les études, les récoltes, la protection du foyer… chacun possède ses propres raisons.
(Image de jcomp)
Pratiques, objets sacrés et symboles du culte (renards, torii, offrandes) 🫴
Lorsque l’on vient prier, on dépose des offrandes à Inari. Il peut s’agir de riz, de saké, d’aliments, d’amulettes, de mini torii… Tout ce qui se rapporte à Inari et à ses symboles. On peut bien entendu acheter des amulettes et talismans dans les lieux sacrés.
Le Hoju (aussi appelé Nuoi Hoju), par exemple, représente l’un des nombreux symboles de la divinité. Il s’agit d’un objet mythologique, d’une gemme pointue. La légende raconte que cette gemme aurait été offerte par le roi dragon et qu’elle accorde des souhaits à l’infini. On le représente soit en feu, soit divisé en trois, représentant les trois joyaux du bouddhisme : le Bouddha, le Dharma (la loi) et la Communauté des moines et des nonnes. On retrouve ce joyau dans de très nombreux temples et sanctuaires, qu’ils soient consacrés à Inari ou pas.
Inari kami japonais dans la culture populaire et la vie urbaine 🏣
Le kami Inari est à la fois présent dans la vie religieuse des croyants et pratiquants, mais aussi dans le monde entier de nos jours. Le Fushimi Inari Taisha est devenu un symbole fort du Japon et de sa culture, repris dans le marketing et le tourisme.
(Image de SweetKawaiiLove)
Les voyageurs s’y précipitent pour se prendre en photo ou en vidéo avec les milliers de torii. On retrouve même des objets dérivés comme des puzzles, des affiches, des souvenirs en tout genre.
Cette figure divine prend également place dans la culture populaire : mangas, animés, jeux vidéo. Dans le manga Hoozuki no Reitetsu, Inari et ses messagers les renards entrent en scène. Même chose dans Inari, Konkon, Koi Iroha qui présente la déesse accompagnée de ses renards venue aider une jeune fille. Dans les jeux vidéo, l’image du renard de Inari symbolise la magie, la protection ou le pouvoir. De quoi découvrir ou redécouvrir cette figure mythique du Japon et de la religion japonaise.
En résumé 🚩
La divinité japonaise Inari connaît un grand succès au Japon depuis des siècles, ainsi que dans le monde depuis quelques décennies. Divinité du riz, du commerce, de l’artisanat… bref de beaucoup de choses, elle représente une figure divine importante au Japon, à la fois pour les croyants et les non-croyants. On le remarque à la présence de dizaine de milliers de temples et sanctuaires qui lui sont consacrés à travers le pays (un tiers des lieux de culte). Le plus connu est évidemment le Fushimi Inari Taisha qui ne cesse de faire parler de lui d’années en années grâce à ces milliers de torii. Le kami Inari représente donc une figure divine dans la religion (shintoïste et bouddhiste), dans la mythologie, ainsi qu’un symbole fort de la culture nippone.
Puzzle du sanctuaire shinto Fushimi Inari Taisha
Image de couverture générée par IA




